Poèmes avec accent est un espace ouvert aux femmes de toutes origines, écrivant en français et souhaitant partager avec nous ses écrits, ses poèmes. Je leur prête ma voix et j’espère sincèrement que nous voyagerons au profond de leurs mondes et trouverons un peu de joie, d’espoir, d’amour, de solidarité, d’humanité. C’est un espace pour nous découvrir ou nous redécouvrir en tant que femmes, amies, écrivaines, poétesses, spectatrices, admiratrices, enfin, pour être.

Eunice E. Alves : poétesse par accident.

La première femme que j’ai le plaisir de vous présenter c’est Eunice Emmanuelle Alves et son poème « Ta présence ».

Eunice et moi nous sommes rencontrées lors un atelier d’écriture organisé par El Café Latino. Elle s’est découverte poétesse et je me suis découverte heureuse lectrice de ses poèmes. Je lui ai donc proposé d’enregistrer son poème avec ma voix et de le traduire à l’espagnol. Toutes les deux étrangères, écrivant en français, ces poèmes ont l’accent de tous les lieus et d’aucun lieu à la fois. Voilà comment l’idée est née.

 

Arrivée sur cette planète il y a quelques décennies,
Je me suis mise à écrire,
Des poèmes, depuis que je suis ici.
Venue d’ailleurs,
Des paysages tropicaux,
Je me suis faite française.
De langue maternelle portugaise,
C’est la langue française
Qui traduira mon monde intérieur.
J’aime l’Art,
Et je pense que seule la Beauté du Monde sauvera l’humanité.

Eunice.

Interview à Eunice.

J’ai proposé à Eunice cet espace, en forme d’interview, parce que nous avons toutes beaucoup à dire sur nous, sur nos histoires, sur le monde. Eunice, à travers son poème, nous parle d’une conversation intime, très intime, d’une femme et son corps. Elle nous parle d’une absence qui se fait présence et de l’écriture comme moyen d’expression de cette beauté existant, même ou peut-être davantage, dans les expériences douloureuses.

1. Écrire et sentir en langue étrangère.

 

2. « C’est les poèmes qui m’ont choisie »: Eunice et son projet d’écriture.

 

Écouter le poème « Ta présence ».

 

Escuchar el poema « Tu presencia ».

 

3. Trouver la beauté, même dans les expériences douloureuses : Eunice sur son poème.

 

4. Sur la publication du poème dans la Revue « A ».

 

TA PRÉSENCE.
Par Eunice Emmanuelle Alves. ©

Depuis que tu n’es plus là,
Imposant ton absence,
Tu me montres
Tous les rêves
Que je n’ai jamais voulu rêver.

Depuis que tu n’es plus là,
Je vois les graines de vie
Partout où je pose mon regard.

Depuis que tu n’es plus là,
Je vois ta puissance,
Je sens ta cadence,
La danse que tu mènes avec le temps.

Depuis que tu n’es plus là,
Je touche ton absence
Dans le vide de l’espace inhabité.

Depuis que tu n’es plus là,
Je me demande Comment la vie aurait été,
J’imagine tes fruits récoltés.

Depuis que tu n’es plus là,
J’écoute la mélodie
Omniprésente de ton pouvoir,
Je vois des mondes
Que tu portes en toi.

Je t’aime éternellement,
Et même si tu n’y es plus,
Tu es tout simplement…

Le vide que tu as laissé en moi,
Me remplit de silences.

Depuis que tu n’es plus là,
Je t’imagine grossir, t’arrondir,
Vibrer aux rythmes du cosmos.

Depuis que tu n’es plus là,
Je t’imagine en harmonie
Avec la danse des galaxies
Exploser comme une étoile,
Donner naissance à des mondes,
Illuminer des visages,
Recréer des paysages,
Redonner l’espoir,
Rétablir l’équilibre,
Opérer l’alchimie.

Depuis que tu n’es plus là,
Je recherche des sensations du passé,
Je me suis mise à songer,
Des visages hypothétiques,
Des caractères probables,
Des trajectoires possibles…

Depuis que tu n’es plus là,
Je t’ai construit un autel
Orné de nuages de rêves,
De vers doux et brefs,
De visions d’avenir.

A toi mes hommages,
Chair de ma chair,
Esprit de mon Esprit,
Matrice de tous les êtres,
Berceau de toute création,
Utérus Sacré !

TU PRESENCIA

Por Eunice Emmanuelle Alves ©
Traducción al español:
Natalia Cardona G.

Desde que no estás más,
Imponiendo tu ausencia,
Me muestras todos los sueños
Que nunca quise soñar.

Desde que no estás más,
Veo los granos de vida
Donde quiera que dirija mi mirar.

Desde que no estás más,
Veo tu fuerza,
Siento tu movimiento,
La danza que le concedes al tiempo.

Desde que no estás más,
Tu ausencia puedo palpar
En el vacío del espacio desierto.

Desde que no estás más,
Me pregunto
Cómo habría sido la vida,
Imagino tus frutos recoltar.

Desde que no estás más,
Escucho la melodía
De tu poder omnipresente,
Veo los mundos
Que en ti haz de portar.

Te amo eternamente,
Y aun si no estás más,
Eres simplemente…

El vacío que has dejado en mí,
Me colma de silencios…

Desde que no estás más,
Te imagino crecer, engrosar,
Al ritmo del cosmos vibrar.
Desde que no estás más,
Te imagino en armonía
Danzar con las galaxias
Explotar como una estrella,
Pariendo mundos,
Iluminando rostros,
Rehaciendo paisajes,
Aportando la esperanza,
Restaurando el equilibrio,
Como alquimista operar.

Desde que no estás más,
Buscando las sensaciones del pasado
Me puse a imaginar,
Rostros hipotéticos,
Carácteres probables,
Trayectorias posibles…

Desde que no estás más,
Un altar te construí
Adornado con nubes de sueños,
De versos suaves y tiernos,
De Visiones del porvenir.

Eres mi homenajeado,
Carne de mi carne,
Alma de mi alma,
Matriz de todos los seres,
Cuna de la creación,
¡Útero sagrado!